Rêver d'envoyer les féministes, les femmes voilées, les personnes LGBTQIA+, les grosses, les écoféministes, les adeptes du bodypositivisme, les personnes non binaires, etc. sur Mars...
Et imaginer que tout ce beau monde y soit exterminé.
Voici le texte (trop) librement inspiré du Hitchhiker's Guide to the Galaxy, publié sur plusieurs forums de traduction par un groupe de petits farceurs anti-woke, anti-écriture inclusive, anti-vegan, anti-islamo-gauchisme, anti-féminazies, anti-gros, anti-queers...
Bref, anti-tout.
Et grands défenseurs de cette sacro-sainte "liberté d'expression", qui ne s'applique qu'à elles et eux.
Depuis des années, car cela a débuté durant la pandémie, lorsque nous n'avions rien de mieux à faire que nous écharper sur les réseaux sociaux, les factions anti-woke et féminites s'affrontent sans merci sur les forums de traduction.
Pour ou contre l'écriture inclusive, telle est en effet la question majeure de notre civilisation moderne.
On s'en fout, direz-vous.
En vrai, oui et non.
Je suis linguiste, pro-inclusivité ET pro-débat constructif. Je n'ai rien contre une bonne discussion argumentée sur les sujets qui fâchent.
Ce que j'apprécie moyennement, c'est qu'une petite bande de trolls rêve à l'extermination des "gens comme moi", ce qui regrouperait à peu près l'entièreté de la population mondiale à part elles et eux.
Que certain.e.s d'entre nous soient réfractaires à la réforme de l'orthographe, à l'anglicisation de la langue française, à la féminisation des fonctions ou à ce vilain point médian, c'est une chose, plutôt anecdotique à l'échelle d'un monde où tout fout le camp.
Qu'ils et elles expriment leur refus d'adhérer à ce qu'ils et elles appellent la "dérive wokiste" en appelant de leurs voeux le génocide de leurs adversaires philosophiques, c'est pousser le bouchon un peu trop loin, Maurice.
Qu'ils et elles s'insurgent lorsque les personnes visées par leur prose la signalent et la dénoncent afin que les forums professionnels ne deviennent pas l'équivalent linguistique des nids à harceleurs qui pulullent sur Facebook, je trouve ça fort de café également.
Nous ne sommes plus ces adolescent.e.s potaches qui harcelaient en meute celles et ceux qui avaient le malheur de prôner la différence.
Est révolue également l'époque où les blagues racistes, sexistes, homophobes, transphobes, grossophobes, islamophobes etc. -phobes de Michel Leeb et Bigard étaient accueillies par une minorité de privilégié.e.s avec de gros rire gras et par tous et toutes les autres avec des regards gênés et des raclements de gorge.
Car s'il est faux qu'on ne peut plus rien dire, il est vrai qu'on peut de moins en moins victimiser impunément. Et certainement pas "entre ami.e.s de bonne engeance" car l'inclusivité a fait son oeuvre et les inclus entendent bien faire entendre leurs voix sur Terre, sur Mars et partout ailleurs.
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