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  • Photo du rédacteurValérie Gillet

Le client est roi (mais...) : la révision (2)


Épisode 2 : Conventions, conventions chéries


Contrairement aux tendances actuelles, la traduction devrait être un effort collectif vers un résultat homogène et concerté. Traducteur·rice et réviseur·euse devraient s’accorder en amont sur la répartition de leurs tâches et sur l’aune à laquelle la traduction doit être révisée… et évaluée après coup. Or, c’est rarement le cas. Dans ce deuxième épisode, nous abordons la question délicate du respect des conventions.


Il m’arrive fréquemment, notamment dans les traductions pour des organisations internationales, d’effectuer une recherche terminologique dans des glossaires ou des bases terminologiques officiels et d’obtenir deux résultats, ou davantage, de même occurrence pour l’acception qui me concerne. Je fais alors un choix et je m’y tiens tout au long du texte. Manque de bol, le ou la réviseur·euse décide parfois d’opter pour l’autre terme et ne manque pas d’en faire la remarque, ce changement l’ayant contraint·e à opérer 156 chercher-remplacer dans le texte cible.


La plupart du temps, il s’agit là d’une question de convention plutôt que de terminologie per se. Bien entendu, certaines nuances terminologiques peuvent échapper au traducteur ou à la traductrice, et il appartient alors aux personnes qui relisent le texte traduit de rectifier le tir. Cependant, ce n’est pas systématiquement une imprécision terminologique, mais plutôt le résultat d’un choix arbitraire. Dans ce cas, si le ou la réviseur·euse est interne à l’organisation, ielle soulignera probablement que le terme en question a toujours été utilisé dans le service de traduction de l’instance concernée.


Un beau jour, Jean-Michel, traducteur super hyper méga senior ayant réussi son concours en 1987, lorsqu’on n’avait droit qu’à un crayon, une gomme, une feuille, un dictionnaire papier et un fax, a en effet décidé qu’il en serait ainsi pour l’éternité et au-delà. En tant que mercenaire freelance, on ne lutte pas contre Jean-Michel et les conventions. De toute manière, si on conteste, il ne nous enverra plus de travaux. Donc on dit merci beaucoup Jean-Michel pour ces remarques constructives et on tente de se souvenir de toutes les subtilités conventionnelles de chaque instance pour laquelle on travaille.


Il est légitime que chaque institution ait ses propres conventions terminologiques, orthographiques, grammaticales et syntaxiques. Celleux qui comme moi travaillent pour bon nombre d’entre elles en parallèle se heurtent inévitablement au fameux « c’est pas comme ça qu’on dit chez nous ». Tout à fait normal également. En revanche, cette remarque s’accompagne souvent d’un « il aurait fallu poser la question » ou « il aurait fallu pousser les recherches », qui est beaucoup moins évident à gérer.


Soyons réalistes : on ne peut poser de questions sur chaque terme, convention, acronyme ou majuscule d’une traduction de 50 pages d’un calibre technique complexe lorsqu’on a 6 jours pour en venir à bout là où les traducteurs internes travaillent à un rythme de quelques centaines de mots traduits par jour. Par ailleurs, si les recherches sont dûment effectuées aux bons endroits, encore faut-il faire des choix et ne pas perdre trop de temps à tergiverser.


Traduire, c’est choisir. S’entendre dire que ce ne sont pas les bons choix n’est pas un problème. S’entendre reprocher qu’il aurait quand même fallu deviner que l’autre option était la bonne alors que les deux se valent peut être source d’une profonde frustration pour le traducteur, en particulier lorsqu’il ou elle est surmené·e.


Mais on se tait, car le client est roi. L’important est alors de prendre bonne note des conventions en question et de tenter de les respecter à l’avenir. « Take stock », comme on dit en anglais. La traduction est un métier ingrat où on a vite fait d’être remis·e à sa place. Le syndrome de l’imposteur y est presque aussi fréquent que les egos surdimensionnés. Une collaboration plus équilibrée et sereine aux différentes étapes du travail de transposition d’une langue dans l’autre permettrait peut-être à tous ses acteurs de trouver un juste équilibre entre ces deux extrêmes…


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